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KHALTI FATNA
27 mai 2011

Abderrahmane Zenati: DES MOTS A LA PLACE DU PAIN

 

 

 

DES MOTS A LA PLACE DU PAIN

 

extrait

 

C’était  dans un bar à fille dans la rue Tafna à Oujda que j’ai vu l’accordéoniste juif Félix Bardkhaï pour la première fois. C’était une soirée chaude, l’air sentait le tabac, l’anisette noyée d’eau et l’huile rance des brochettes. Chaque soir des soldats français et américains se retrouvaient dans ce bar dirigé par madame Esther une grosse femme juive aux traits bouffis.

  J'avais 10 ans. Pieds nus, vêtements usés, assis à même le sol en position de tailleur,  je faisais  briller les brodequins  d’un soldat américain, un colosse blond au visage taché de rousseur et aux yeux bleus et durs.

J’étais tout minuscule aux pieds de cet homme qui discutait avec ses camarades...Les uns étaient assis autours d'une table et les autres debout devant le comptoir. 

Dans un coin, des zouaves français un peu ivres chantaient à haute voix :

 

 

"C'est nous les Africains
Qui revenons de loin"

 A force d'avoir entendu cette marche militaire chantée je l'avais apprise par coeur sans comprendre le sens des mots.

Tout en astiquant les bottes du soldat, j'entendais la voix chaude de Dalida: 

« Je sais bien que tu l'adores

Et qu'elle a de jolies yeux » 

 
Bambino était la chanson tube à l’époque. Je l’entendais dans tous les bars que je fréquentais et elle était fredonnait par tous les jeunes français et juifs de l'époque. A force de l’avoir écouter partout, j'ai fini par l'apprendre par cœur  aussi.

Aujourdhui, à lâge de 68 ans, l'air et les paroles me reviennent et je la fredonne en me rasant et en prenant mon bain:


« Et gratte, gratte sur ta mandoline mon petit Bambino

Ta musique est plus jolie
que tout le ciel de l'Italie»

 

Il faut dire que Dalida, avec ses chansons et sa voix était pour moi une vraie déesse...  

Je m'apretais à finir ma besogne pour quitté le bar d'Esther pour rejoindre bar Femina lorsque soudain une forte sonorité de l'accordéon a forte voix triste couvrirent la mélodie de ma chanteuse préférée. 


« Verte campagne
Où je suis né
Douce compagne
De mes jeunes années »

Des soldats cessèrent spontanément leurs bavardages et écoutèrent l’accordéoniste avec intérêt. 

« La ville pleure
Et ces larmes de pluie
Dansent et meurent
Sur mon cœur qui s'ennuie
Et moi, je rêve de toi, Pays ! … »


Stoppant net mon travail,  ma main, avec sa brosse, est restée suspendue en l’air. 

Bouche ouverte, je contemplais les doigts de cet accordéoniste courir sur les touches de son instrument. J’avais du mal à les prendre pour des morceaux de chair tellement ils étaient rapides. Je me contentais de les regarder "fourmiller" les touches, de les confondre avec les notes qui les habillaient de charme et de magie. 


« Le temps s'efface
Pour moi, rien n'a changé
Deux bras m'enlacent
Parmi les champs de blé
Et moi, je rêve de toi, mon pays »


Subjugué, je me suis laissé emporter par la mélodie de ce mendiant juif qui était très connu à Oujda durant les années 50. Je suis resté médusé, émerveillé. Je papillonnais avec le son agréable de son accordéon et à flotter avec les paroles de sa chanson. Sa voix me faisait épouser le ciel dans les spirales dansantes des songes...



Une rumeur vraiment bizarre se répandait à Oujda. Quelques vieux marocains prétendaient que Félix l'accordeoniste, était en réalité, Nahman Ben David, un des meilleurs agents des services secrets israéliens. 

Il était, parait-il, chargé d'endoctriner les Juifs marocains au sionisme et de semer la zizanie entre 
les Musulmans et ses frères de race afin que ces derniers quittent massivement la région de l'Oriental et réintègrent la Palestine.


Mais peut-on prêter foi aux rumeurs et aux imaginations incontrolées?... »

Pour moi, Félix, était un véritable artiste, un être qui ne faisait de mal ni à une mouche ni à une fourmi. De cela, je suis profondément convaincu..."


ŒUVRES DÉJÀ PARUES DU MÊME AUTEUR


Les Cigognes reviendront-elles à Oujda ? 
Mémoire de la Fourmi.
Vol de la Fourmi.
La Déchirure.
L’Aube des Maudits 
Le retour du bigame
Marjana 
La seconde épouse
La maison en face
Tamoula
Paroles de fous
Al hogra 
La Vallée des Oliviers
Un Homme Simple 
Paroles Étranglées
L’Homme en Colère
Adieu Oujda, ma bien-aimée
L’Homme d’Amérique
Mon ami Tchita le juif
De la Haine en Héritage
Confidences d’un âne de l’Oriental
Haffou le fou
La Malédiction d’Allah
Le Vent de l’Est s’arrête à Figuig
Un Homme Presque Parfait 
Ces hommes fous de l’Oriental 
Des Mots à la place du pain 
Le Fou de Sarah
Le Chemin de l’Enfer 
Khalti Fatna
La Vallée Oubliée
Goût de cendre
Crépuscule des Anges
Nous n’irons pas tous au Paradis
Le cri de l’agneau
Merguez et Harissa
Grain de sable
Un dimanche à Saïdia
Le mal de l’absence 

Pour se procurer un de ces livres qu’on trouve difficilement dans le commerce, contactez directement l’auteur :

Abderrahmane Zenati
B.P. 338 Poste de Saïdia Maroc
Tel : (212) 0661829262

Écrivez-lui et il vous adressera par e-mail les premiers chapitres d'un ouvrage que vous aimeriez découvrir :

abderrahmanezenati@yahoo.fr 

 

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Commentaires
KHALTI FATNA
  • Un roman émouvant ponctué d'amitiés, d'amours et de guerres... On s'imprègne du narrateur et on avance dans l'histoire avec lui, on passe du rire aux larmes, de l'espoir aux regrets, de la vie à la mort. Les décors changent tout au long du roman, on passe
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