Abderrahmane Zenati... LA VALEE OUBLIEE...

  Un ouvrage très romanesque dans lequel on s'embarque comme dans un rêve.

LA VALEE OUBLIÉE, c'est l'histoire d'un homme . C'est l'histoire d'une ville oubliée. C'est de l'histoire du Maroc tout court.... 

"Extrait"

"... Ma mère,  nouvellement veuve, habitait avec mes six frères et moi, tous en bâs âge, dans un coin du célèbre verger de l'Algérien Al Mokri Lakbaïli Boukaâbouche. C'était un lieu délabré dans la contrée la plus délabrée de la ville. Al Mokri louait une centaine de baraques, véritables « trous à rats » aux malheureux marocains qui survivaient au delà du seuil de la pauvreté. Athée, raciste et cruel, Al Mokri était très sévère avec ses locataires. Avec lui, ça ne rigolait pas. Soixante ans après, je revois encore l'image de ce personnage qui me terrorisait durant mon enfance : La cinquantaine, grand de taille, béret basque sur crâne chauve, visage tanné à l'expression glaciale ... Il était constamment ivre, avait horreur de parler en langue arabe et il ressentait une aversion innée pour nous autres Marocains. Il ne s'exprimait qu'en kabyle ou baragouinait en français en singeant les gestes des européens, pour impressionner ses locataires. C'était un vrai tyran pour mes petits camarades et moi. J'ai appris une fois adulte qu'il avait vingt cinq ans lors-qu'il avait débarqué en 1907 avec le corps expéditionnaire du général Drude, au Maroc. Il avait fait la campagne de la Chaouia à sa façon. Fusil à la main et sac au dos, avec cette foule de légionnaires inhumains et sanguinaires qu'étaient ses compagnons d'arme, ce bâtard algérien né à Sidi Bel Abbés de père inconnu, pillait et assassinait sans pitié et impunément les paisibles villageois. En très peu de temps, il avait fait fortune. La chute de Fès, quatre ans plus tard, le trouva nanti d'une centaine de milliers de francs. Il s'établit dans la ville d'Oujda, comme d'autres Algériens qui avaient suivi le même itinéraire que lui. Il spéculait sur les terrains ache-tait à quelques sous et attendait sagement que les prix augmentent... Al Mokri avait fait bâtir alors à Oujda un hammam et un four qui, jusqu'à nos jours, portent honteusement encore et toujours son nom. Il s'était approprié scandaleusement des terrains ne lui appartenant pas et les avaient transformés en bourgades sordides... Jusqu'à aujourd'hui, maisons, four et hammam de Al Mokri sont toujours là, dans cette ville millénaire, rappelant aux Oujdis et au monde cet affreux personnage..."

LA VALEE OUBLIÉE est un livre fort qui prend le lecteur aux tripes et qui ne le lâche plus jusqu'au point final, lui laissant un goût de trop peu...

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