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KHALTI FATNA
5 janvier 2013

Abderrahmane Zenati: VOL DE LA FOURMI

Photo 176

 

 

 

Extrait

"... C'était la nuit profonde ! Toute la ville d’Oujda était soudain recouverte de neige, de glace et de brouillard. Un vent glacial et meurtrier soufflait sur les rares arbres mourants. Les maisons tombaient en ruine. Les habitants, hommes, femmes, enfants et vieillards bras tendus en avant, les yeux fermés, marchaient lentement à reculons. Comme des guignols mécaniques dans un film au ralenti, ils faisaient les mêmes gestes et disaient les mêmes mots en même temps avec le même rythme :
– du pain... du pain... du pain...
Soudain, une femme aux chevelures libres et abondantes, émerge de la foule. Elle porte dans ses bras, un bébé à moitié nu et tremblant de froid.
Le nourrisson me sourit. Je lui souris aussi.
En me voyant, la femme lança un cri strident et me désigna de son doigt trop maigre :
– C'est lui !
Les habitants, hommes, femmes, enfants et vieillards, tournèrent leur tête vers moi.
Ils continuèrent à marcher à reculons avec les mêmes gestes et les mêmes mots :
Du pain... du pain… du pain...
Leurs yeux étaient opaques. ils ne voyaient plus rien.
De leur bouche tordue par le froid, sortait de l’écume qui se confondait avec les flocons de neige.
Ils ne disaient rien d’autre que du pain... du pain... du pain...

La femme s'approcha de moi et dit en sanglotant :
– Traître ! Tout ce qui arrive, à mes enfants et à moi est de ta faute... sois maudit à tout jamais.
Soudain, elle souleva son enfant au-dessus de sa tête et le jette brutalement par terre.
Le bambin comme une poupée de porcelaine se brise en petits morceaux.
De sa main squelettique et glacée, elle me gifla violemment.
En silence, avec des gestes d'automate, elle réintégra sa place dans le groupe et tous ont disparu dans le brouillard... "

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Commentaires
KHALTI FATNA
  • Un roman émouvant ponctué d'amitiés, d'amours et de guerres... On s'imprègne du narrateur et on avance dans l'histoire avec lui, on passe du rire aux larmes, de l'espoir aux regrets, de la vie à la mort. Les décors changent tout au long du roman, on passe
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