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KHALTI FATNA
24 août 2012

Abderrahmane Zenati: AL HOGRA... Un livre à lire absolument

 

 

« Extrait »


Mais oui, mon enfant ! Le droit à la mémoire devrait être un devoir que chacun doit s'imposer pour ne pas perdre sa logique et son humanité.... Le droit à la mémoire devrait être plus qu'un devoir pour éviter de se retrouver replongé dans les errements qui parfois conduisent les hommes et des systèmes à ériger d'effroyables actions qui les transforment en monstres... 

Tu dois savoir, mon enfant, qu'entre Marocains et Algériens à Oujda, beaucoup de faits d'une importance capitale restent ignorés. Jusqu'à nos jours, aucun historien digne de ce nom ne veut les immerger de l'ombre des oubliettes... 

Non, mon enfant, je ne te dis pas cela pour réanimer ou attiser la haine déjà suffocante entre les deux peuples frères, mais juste pour que tu saches...

La page de l'histoire doit être écrite, lue et déchirée ensuite. 

Il ne faut pas faire l'autruche, mon fils ! Il ne faut pas tout ignorer, ne rien savoir sur le passé, c'est revivre les mêmes erreurs...  

 

C'est une autre façon de perpétuer le déchirement entre les peuples, mon fils... C'est surtout courir le risque de transformer une simple boutade en guerres fratricides... C'est détruire ce que la sagesse de l'Islam a édifié en plusieurs siècles... Tout cela risque d'être écroulé en quelques jours... 

Tu vois, mon enfant, je crois que je n'exagère pas si je t'affirme qu'il serait difficile de trouver un seul adulte marocain qui ne soit au courant des malheurs des Oujdis avec la forte colonie algérienne à Oujda, durant le protectorat français.. 

Tu sais, dans ma mémoire, je revois encore cette époque où les gens vivaient dans cette ville comme au Far-West... Presque tous les quartier étaient peuplés d'aventuriers de souches mélangées et souvent équivoques, allant du légionnaire français devenu subitement aristocrate au bagnard tatoué algérien libéré et pas tout à fait assagi.... De l'usurier Kabyle avare qui troqua son pays, sa dignité et sa religion contre la nationalité française au berger ignorant de la banlieue oranaise se pliant en courbettes pour le sourire hypocrite des français. Du berger désespéré venu des campagnes de Sidi Bel-Abbès à l'ivrogne de Aïn Témouchente. C'est vrai, mon enfant, les gens de ma génération ont vu le génie français engendrer de grandes œuvres à Oujda et dans l'ensemble du Maroc; mais nous avons vu aussi les Oujdis subirent la flagrante injustice du protectorat français et surtout de suffocante «domination » de la forte colonie algérienne... Si, si, si... C'est une réalité, mon enfant !... La France se conduisait avec le peuple marocain, tel le loup de la fable qui portait sur sa gueule un masque d'agneau. Alors qu'elle couvait certains algériens, considérés par elle comme français à part entière, alors qu'elle dirigeait la descendance de ces derniers vers le savoir, les grandes écoles et la culture, cette même France cupide, perfide et hypocrite, élevait une «muraille de Chine » autour du Marocain, le privant ainsi de toute souveraineté et refusant à sa progéniture toute forme de connaissance. Le Marocain, mon enfant, n'avait droit qu'à l'école coranique. Tout ce qu'i avait appris ne dépassait pas le fait de réciter, comme un perroquet, quelques versets élémentaires du Coran. Du psittacisme. Il répétait mécaniquement de longues phrases qu'il entendait et qu'il apprenait par cœur sans y rien comprendre. Il ne pouvait ni raisonner, ni avoir présent à l'esprit le sens et les idées des mots puissants qu'il disait mécaniquement.... Plusieurs magouilleurs Algériens d'Oujda, amis de la France sont devenus riches !... Immensément riches et fort instruits. Ils étaient est sont toujours fiers de cet état de fait, mon enfant... Ils se considéraient dans leur euphorie et se considèrent toujours de race et d'intelligence supérieure à leurs «frères » Marocains ! 
Tu dois savoir, mon enfant, qu'à cette époque, la ville d'Oujda était riche et prospère. C'était l'Eldorado de l'Afrique du Nord. Les compagnies des mines de Zinc et de Manganèse à Touissit et celles des charbonnages à Jérada recrutaient énormément de main-d'œuvre. Comme le miel attire les mouches, Oujda avait attiré toute la racaille de malfaiteurs, de criminels, de bandits, d'escrocs algériens... De tous les coins d'Algérie, les gens y affluaient pour l'embauche. Beaucoup de ceux qui vivaient dans l'adversité de la rapine chez eux, s'étaient établi à Oujda, avec la bénédiction de la France. D'autres misérables Européens venaient par centaines d'Espagne, du Portugal, d'Italie, mais le gros du lot venait de l'Algérie. Tous les aventuriers de Marnia, d'Oran, de Tiaret, de Frenda, de Mascara, de Saïda, de Tlemcen et de Sidi-Bel-Abbès avaient trouvé refuge à dans cette ville. Oujda était devenue un véritable dépotoir, mon enfant. Tous les miteux avaient trouvé refuge dans cette ville ! Des convoies traversaient toute l'Algérie, déversant à Oujda des cargaisons entières d'aventuriers, de repris de justice, de pauvres poussés par la faim, d'individus qui, en Algérie, n'avaient accumulé que des échecs... Mais il y avait des idéalistes aussi, mon enfant !... Tous débarquaient dans l'Oriental, pleins d'espoirs ; les uns rêvant de richesse et de réussite ; les autre rêvant d'un monde pur où l'humanité allait s'épanouir dans la bonté et la vertu. 

Oujda était devenue la plaque tournante entre l'Algérie, et le reste du Maroc. 


Il faut bien croire, mon enfant, que, c'est parce que la ville d'Oujda était riche, prospère, florissante et stable que des centaines d'Algériens avaient fait bâtir des résidences de rêve.

De vrais châteaux, mon enfant !D'immenses quartiers qui portent toujours leurs noms. 

Mais, mon petit, si la ville était riche et prospère, cette prospérité ne rejaillissait que sur les français, les Algériens et certains Fassi qui jouaient double jeu : Celui de nationaliste et celui de la France colonialiste. Oui, Oujda était aisée, mais cette aisance concernait très peu les humbles Oujdis qui continuaient à vivre dans la misère, l'ignorance et le mépris... 

Il faut préciser, mon enfant, que, pendant que la majorité des Oujdis vivaient dans l'indigence, « l'homme millionnaire » incarnait le rêve de tous les magouilleurs Algériens et les cupides Fassi. 

 Alors que l'Algérien, le Fassi et le Juif possédaient les immenses fermes fertiles, les usines, les hôtels et les cinémas, pour les Oujdis de souche c'était plus que de la misère...

C'était la détresse, l'humiliation, presque de la déchéance, mon enfant... 

Des centaines d'Algériens, sans scrupules ne reculaient devant rien, pour s'enrichir. Beaucoup avaient renié l'Islam et leur patriotisme. Une forme de «bourgeoisie algérienne» inculte et fermée était née dans la ville. 


Des noms étaient devenus et sont toujours célèbres et légendaires. La France encourageait cet état de fait. Les marocains avaient compris depuis belle lurette que les mots : « Liberté, Egalité, Fraternité » inscrites sur les bâtiments publics du protectorat français étaient chimère. 

Sous le slogan de sa «mission civilisatrice », la France coloniale manœuvrait tout bas la désunion et le déchirement entre marocains et algériens. Sous la devise de sa «mission protectrice », l'armée française accélérait la discorde et la haine entre les deux peuples frères... Sous prétexte d'indiquer «la bonne voie » et le «progrès », aux maghrébins, l'administration française tirait la ficelle de mille et un pantins Algériens perfides, cupides et haineux, qu'elle entretenait sur place, créant ainsi de véritables bombes à retardement pour l'avenir de l'Afrique du Nord. Le clan d'Oujda qui dirige actuellement la République Algérienne en est le meilleur exemple. L'affaire du Sahara Occidental est un autre exemple...  

Au fait, mon enfant, pourquoi ne parle-t-on que de « liberté » pour le « peuple » du Sahara occidental ?

Où est passer le « Sahara oriental » et son peuple, sous domination algérienne? 

Pourquoi ne parle-t-on pas là aussi d'autodétermination ? 

Qu'ils parlent de tout le Sahara ou qu'ils nous fichent la paix... c'est clair... 

Tu sais, mon enfant, autrefois, certains colons français, avec leur politesse mielleuse et perfide, avec leur charme menteur et leur hilarité hypocrite, avaient réussi à se faire aimer eux et leur pays par les Oujdis. 
Ces derniers, par milliers avaient versé leur sang dans les Ardennes et à Mont Cassino, pour que vive cette France qu'ils avaient adoptée et... sincèrement aimée.  Mais la France négligea d'exploiter cet élan du cœur...  Elle gâcha bêtement ce témoignage d'amitié. De faux calculs, de grandes convoitises, une forme d'ingratitude et de lâcheté détournaient les responsables français du Maroc et des Marocains. 

Des difficultés d'ordre intérieur, de graves soucis extérieurs, empêchaient la France de raisonner et de voir clair. C'était là le début des années de haine et ce fut là pour la France le début de sa défaite en Afrique du Nord. 

Il faut dire les choses, comme elles sont, mon enfant.... Ce sentiment d'incompréhension fraternelle entre Algériens et Marocains, avait prit racine dans le cœur de chacun sous l'action du Service Français de l'Action Psychologique.  

Aujourd'hui cette bouture est devenue plus grande qu'un séquoia... 

Nous sommes en l'an 2004 et les frontières restent hermétiquement fermées entre les deux pays... 


Ce n'est pas normal ! 

 Alors que l'Europe s'unis, les responsables des deux pays ne veulent pas dépasser les passions et instaurer la paix et le bonheur pour l'ensemble.... 

Mais que veux-tu, mon enfant, les Algériens ne s'entendent même pas entre eux. Comment veux-tu qu'ils s'entendent avec nous ?

 Par expérience, les Oujdis ont appris que tout finit toujours par s'arranger, tandis qu'avec les Algériens, le pire reste le pire et se complique davantage... 

Tu peux me croire, mon enfant ! Le peuple marocain à trop enduré avec le caractère souvent maussade des Algériens...  

Lors des événements de la guerre d'Indépendance d'Algérie, nos « frères » Algériens, que Dieu leur pardonne comportaient à Oujda d'une manière navrante et intolérable !..  

Dans leur arrogance, ils se conduisaient avec nous, comme si, nous autres marocains, étions leurs pires ennemis... 

C'est vrai, ils détestaient viscéralement notre Roi et nous abhorraient à mort.... 

Beaucoup plus que l'Armée française qu'ils combattaient... 

Sache que c'était presque comme le Liban... Les Moudjahiddines avaient la même conduite dans notre ville que la plus nuisible des armées d'occupation. C'était, comme un véritable Etat dans l'Etat. 

Certains Oujdis vous diraient qu'il n'y a pas pire oppresseur au monde qu'un Algérien.

 A l'époque, mon enfant, les responsables marocains ne savaient plus comment réagir. Hospitalité oblige, ils n'osaient rien dire et rien faire... 

Les Algériens, dans leur fougue, avaient interprété à tort cet état de fait, comme une faiblesse de la part des autorités marocaines. Alors, ils «piétinèrent » le marocain jusqu'aux larmes, jusqu'au sang. 

C'était affreux, mais nous n'avions aucun droit à la parole, dans notre propre pays... 

Beaucoup de marocains, beaucoup d'Oujdis ignorent tout sur leur ville. 
Ils ne savent rien sur l'époque du protectorat, sur les vexations et la suffocante Hogra commises par les Algériens...

Et dire qu'à cette époque, au nom de la fraternité, les Oujdis, bras ouverts et le cœur tendre, avaient reçu sur leur terre des milliers de ces «frères» fuyant les bombes françaises qui tombaient comme de la pluie sur leur pays...  

Le devoir de l'hospitalité entre «musulmans » oblige, ces réfugiés algériens étaient partout à Oujda et dans le reste du Maroc, comme chez eux.

Ils avaient ouvert des commerces, achetés des maisons, des fermes et des usines... 

Beaucoup d'entre eux avaient une conduite exemplaire, mais certains Moudjahiddines arrogants se conduisaient comme ces cow-boys que nous voyons dans les westerns américains.  Armés jusqu'aux dents, ils dégainaient leur pistolet dans les bars et tiraient à la mitraillette en plein rue. Sans aucune pudeur, certains maquisards se conduisaient en terre marocaine, comme s'ils étaient dans un pays conquis... Le grand poète algérien Mouloud Mammeri avait dit un jour : 

« Quand trop de sécheresse brûle les cœurs... Quand la faim tord les entrailles. Quand on bâillonne trop de rêves, c'est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher. A la fin il suffit du bout de bois d'un esclave pour faire, dans le ciel de Dieu, et dans le cœur des hommes, le plus énorme incendie» 

696825-840733

ABDERRAHMANE ZENATI

Sa langue maternelle c’est le dialectale marocain, il écrit ses ouvrages en langue de Molière, pourtant, il n’a jamais était en classe… Né le 14 juillet 1943 dans un milieu frôlant la misère, orphelin de père à l'âge de cinq ans, dès l'aube de son enfance, il se retrouva abandonné dans l'enfer de la rue, livré à lui-même, comme Gavroche de Victor Hugo et Rémi d'Hector Malot.  Au grès de ses pas, ventre affamé et tremblant de froid, il erra durant des années dans les rues et les terrains vagues. « Pour survivre, je mangeais n'importe quoi, en fouillant dans les poubelles, parmi les chiens et les chats, dit-il dans son ouvrage « Goût de cendre ».  L'enfance triste et déchirée d'Abderrahmane Zenati n'a été bercée que par les rêves et les contes que lui narrait cheikh Tayeb, un vieux conteur populaire de "halka". A force de vivre dans la misère et la saleté, à douze ans, la tuberculose lui perfora les poumons et le cloua dans un lit de l'unique hôpital d'Oujda. C'est là, face à la bonté des infirmiers et aux discussions profondes avec les malades, qu'il a pris conscience de la réalité de sa vie. Tous ces échanges variés lui faisaient vivre intensément un espoir à travers l'humain de chacun. Lui, qui, jusque-là, ne se souciait seulement que de manger pour survivre l'heure présente, la pensée de savoir de quoi son lendemain serait fait, avait soudain germé dans ses pensées. Et seul, par instinct, il se mit à gribouiller avec des crayons de couleurs des dessins sur n'importe quel papier lui tombant sous la main.  Grâce à une boite de gouache offerte par l'infirmière française, madame Michèle, avec passion il s'initia à la peinture et puis, bientôt à la lecture à l'écriture. A dix-huit ans, grâce à l'appui du docteur Sauvaget, un ancien médecin militaire, chef de l'hôpital d'Oujda, il fut recruté comme aide soignant à la Santé Publique.

«  Contrairement à ce qu'on pense souvent, il n'y a pas que l'école qui instruit, écrit Zenati dans Goût de cendre. La rue, la misère et l'expérience ont été pour moi les meilleurs des professeurs, les plus impitoyables, car ils m'avaient fait d'abord passer le test et donner ensuite la leçon.

 

ŒUVRES DÉJÀ PARUES DU MÊME AUTEUR
Les Cigognes reviendront-elles à Oujda ?
Mémoire de la Fourmi.
Vol de la Fourmi.
La Déchirure.
L’Aube des Maudits
Le retour du bigame
Marjana
La seconde épouse
La maison en face
Tamoula
Paroles de fous
Al hogra
La Vallée des Oliviers
Un Homme Simple
Paroles Étranglées
L’Homme en Colère
Adieu Oujda, ma bien-aimée
L’Homme d’Amérique
Mon ami Tchita le juif
De la Haine en Héritage
Confidences d’un âne de l’Oriental
Haffou le fou
La Malédiction d’Allah
Le Vent de l’Est s’arrête à Figuig
Un Homme Presque Parfait
Ces hommes fous de l’Oriental
Des Mots à la place du pain
Le Fou de Sarah
Le Chemin de l’Enfer
Khalti Fatna
La Vallée Oubliée
Goût de cendre
Crépuscule des Anges
Nous n’irons pas tous au Paradis
Le cri de l’agneau
Merguez et Harissa
Grain de sable
Un dimanche à Saïdia
Le mal de l’absence

Pour se procurer un de ces livres, non disponible dans le commerce, contactez directement l’auteur :

Abderrahmane Zenati
B.P. 338 Poste de Saïdia Maroc
Tel : (212) 0661829262

Écrivez-lui et il vous adressera par e-mail les premiers chapitres d'un ouvrage que vous aimeriez découvrir :

abderrahmanezenati@yahoo.fr

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Commentaires
KHALTI FATNA
  • Un roman émouvant ponctué d'amitiés, d'amours et de guerres... On s'imprègne du narrateur et on avance dans l'histoire avec lui, on passe du rire aux larmes, de l'espoir aux regrets, de la vie à la mort. Les décors changent tout au long du roman, on passe
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