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KHALTI FATNA
29 février 2012

Oujda: Abderrahmane Zenati... Paroles de fou...

 

208112882

 

extrait

 




".... Il était un peu plus de huit heures lorsque je suis arrivé à hôpital psychiatrique de cette ville dont il n'est pas necessaire de citer le nom, ville où l’érudit et l’ignorant ne faisaient qu’un. Le soleil était déjà haut dans le ciel bleu et la chaleur intense. La première chose que j’ai remarquée, fut un immense attroupement d’hommes, de femmes et d’enfants agglutinés à l’énorme portail aux épais barreaux de fer.
Presque tous étaient crasseux, loqueteux et pitoyables. Depuis l’aube ils attendaient l’ouverture de la psychiatrie dans le désordre et l’agitation.
Je fus choqué par la vue de ces êtres humains serrés les uns contre les autres comme un troupeau de bêtes. Adossés aux murs, quelques vieillards séniles se tenaient debout, immobiles. Ils déliraient. Dans leurs yeux se reflétait une lueur glacée et s’accumulaient toutes les misères du monde. Entourés d’une multitude de chiens errants, quelques femmes essoufflées étaient assises sur le trottoir à même le sol. Elles avaient le regard absent. Elles étaient inconscientes. Elles attendaient... D’autres soliloquaient en faisant des gestes saccadés comme pour chasser les mouches. Soudain, dans le brouhaha un homme barbu s’était mit à hurler :

— Frères et sœurs dans l’Islam !... Comment osez-vous venir vous faire soigner dans cet enfer ? Comment osez-vous prendre les médicaments des mécréants ? Savez-vous qu’on agissant ainsi, vous agissez contre des décrets d’ordre divin ?

Démesurément grand, le hurleur avait le crane rasé et un visage maigre et osseux. Il portait une gandoura verte et un gilet afghan.

— Frères et sœurs dans l’Islam, continua-t-il. Se rendre chez le médecin, prendre des médicaments, se faire soigner sont autant d’actes qui vous semblent naturels, voire obligatoires. Or, à bien y réfléchir, sur le plan morale et religieux, la question peut se poser : De quelle source proviennent les maladies qui frappent l’homme, si ce n’est que Dieu mécontent sévit envers lui. Alors ? Comment donc peut-on dès lors se soigner avec les médicaments des mécréants et agir ainsi contre des décrets d’ordre divin ?

Tout d’abord, je voulais ignorer ces paroles et cette scène à la fois tragique et burlesque, mais les mots s’imposaient à moi, de façon inévitable.

— Frères et sœurs dans l’Islam !... Se rendre chez le médecin, prendre des médicaments, se faire soigner sont autant d’actes qui vous semblent naturels, voire obligatoires. Or, à bien y réfléchir, sur le plan morale et religieux, la question peut se poser : De quelle source proviennent les maladies qui frappent l’homme, si ce n’est que Dieu mécontent sévit envers lui. Alors ? Comment donc peut-on dès lors se soigner avec les médicaments des mécréants et agir ainsi contre des décrets d’ordre divin ?


— Ta gueule l’Arabe, cria un autre barbu aux cheveux longs. Ta gueule !... Les Arabes n’ont plus droit à la parole.

Le nouveau hurleur avait les cheveux longs et parlait le français pur avec un accent parisien. Il paraissait plus vieux que son âge. Peut-être n’avait-il que trente ans à peine. Et pourtant, avec sa barbe et ses traits marqués et ravagés, il semblait prématurément usé.

— Frères et sœurs dans l’Islam !... La maladie n’est qu’un signe du Ciel avertissant au sujet de fautes latentes, reprit l’homme a la gandoura verte. Pour s’en libérer, il faut « simplement » revenir de ses errances, et se rapprocher du Créateur, Qui enverra alors la guérison…
Lisez le Coran et jetez ces médicaments de Satan, car, le vrai remède du corps, de l’esprit et de l’âme, se trouve en ce seul livre sacré. Si le musulman croit en son Créateur, accomplit son devoir religieux et récite le Coran matin et soir, le jour et la nuit, alors l’Eternel écartera de lui toute maladie ; et toutes ces funestes plaies qui ravage le monde »

— Ta gueule ! Les Arabes ont perdu leur droit à la parole.

— Frères et sœurs dans l’Islam !... Allah est le Maître absolu à bord, agissant comme Il l’entend et intervenant là où Il le désire, accordant Sa bénédiction à ceux qu’Il juge méritant, et, au contraire, les maladies à ceux qu’Il veut remettre sur la voie, ou mettre à l’épreuve. Ecoutez-moi ! Jetez ces remèdes des mécréants !...

—Ta gueule l’Arabe ! Par centaines, tes frères se font massacrés chaque jour quelque part dans le monde et ni toi, ni aucun des tiens ne lève le petit doigt ou remue les lèvres !…

— Frères et sœurs dans l’Islam !... La maladie est envoyée par Allah pour mortifier notre corps et le rendre obéissant à l’esprit, nous détacher de l’amour des créatures et nous convertir à Lui, nous préparer à bien mourir » les malades croyants, ce n’est pas chez le médecin qu’ils se rendront : la maladie en effet n’est que le symptôme d’un problème bien plus profond, celui d’une faute commise. Le médecin ne pourra soigner que la conséquence, mais n’est nullement concerné par la cause de cette plaie.

Pieds nus, longs cheveux sales, chemise à fleures crasseuse et déchirée, blue-jean lacéré aux genoux, le nouveau hurleur avait un grotesque tatouage au cou. Il portait une boucle dans lobe de l’oreille gauche et un collier de fleurs des champs autour du cou.

—Ta gueule et va-t-on d’ici !... Je suis le consul de la République Française à Fez!... Allez-vous-en tous d’ici!... Fichez-moi le camp ! Il n’y a plus de visas pour vous autres!... Ici, il n’y a plus de considération pour les Arabes… il n’y a plus de travail pour vous en France ! La France n'a plus besoin de vous!... L’occident est noyé par vous autres !

— Frères et sœurs dans l’Islam !... Malades, comme vous êtes, ne vous adressez pas aux médecins, mais à Allah et implorez sa grâce et sa bénédiction. Venez donc vers la prière et non vers le médecin. Frères et sœurs dans l’Islam !... Vous êtes tombé malade en fonction des fautes que vous avez faites, et vous guérirez selon la volonté d’Allah. C’est-à-dire selon vos repentis ou vos mérites. Mais si vous prenez l’habitude d’utiliser ces médicaments des mécréants pour guérir, Allah vous tournera le dos et vous abandonne aux règles de la nature. Frères en Islam ! La maladie est une punition, et il faudrait se reprendre et revenir vers Allah… C’est Lui qui guérit toute chair…

Dans la pénombre d’un coin où croupissaient quelques malades, je vis une silhouette de femme quitter sa place d’un pas décidé, puis venir s’agenouiller aux pieds du barbu à la gandoura verte. Ce dernier continua à rugir au milieu d’un énorme groupement :

—Frères et sœurs dans l’Islam !... Il ne faut pas oublier de se tourner vers la vraie Source de toute bénédiction - vers Allah… Celui qui attend de l’homme de revenir à Lui et de corriger ses actes… Frères et sœurs dans l’Islam !... En ce siècle de manque total de foi en Allah, la maladie est un avertissement et un châtiment divins. Au lieu de ces médicaments-poison, visitez le tombeau de Sidi Moulay Ali Boudarbala. Ce saint homme, du paradis d’Allah, m’a inspiré ces paroles et cette initiative. Aujourd’hui, en cette minute où le musulman, face aux fourbes Juifs, affronte les plus grands périls, je suis venu vous sauver, moi Rabah, le dernier croyant contemplatif d’une croyance qui s’est dissoute dans le quotidien de l’action…

— Allez-vous en tous ! Ici, au Consulat de France à Fez il n’y a plus de visa pour vous ! Rien! Fichez-moi le camp tous !… Les portes sacrées de l’occident sont désormais fermées pour l'Arabe à tout jamais… Allez-vous-en tous ! Le cœur de l’occident vous hait tous, tas de vermine et de racaille ! Allez-vous-en tous ! Fichez le camp d’ici !... Allez faire vos prières quotidiennes, allez manger votre couscous, allez faire l'amour à vos épouses et attendez la mort…

Le barbu aux cheveux long poussa un rire sonore et se perdit au milieu de la foule bruyante et remuante agglutinée au portail.

— Frères et sœurs dans l’Islam, continua le barbu à la gandoura verte!... Soyez les disciples de Sidi Moulay Ali Boudarbala !... Faites lui l’allégeance et il vous soutiendra et vous protégera contre l’égarement. Frères dans l’Islam ! Ne soyez pas de ces renégats qui nient leur foi et oublient que l’homme ne fait que passer sur cette terre pour gagner le paradis éternel, si il le mérite !… Lisez le hadith de Sidi Moulay Ali Boudarbala et brûlez les bibliothèques, car leur valeur se trouve en la seule sagesse écriture du saint homme »
Je suis resté médusé.

— Frères et sœurs dans l’Islam !... Ecoutez mes paroles et il faut maudire Oum Kalsoum… Il faut maudire tous les poètes et les artistes… Ils sont tous des infects disciples de Satan !… Honnissez ces artistes athées qui s’inspirent du monde occidental honni et n’évoquent pas Allah dans leurs ouvrages débiles… Lisez le hadith de Sidi Moulay Ali Boudarbala … La vraie poésie se trouve en ce seul ouvrage inspiré du livre saint… »

ŒUVRES D'ABDERRAHMANE ZENATI DEJÀ PARUES


Les Cigognes reviendront-elles à Oujda ?
Mémoire de la Fourmi.
Vol de la Fourmi.
La Déchirure.
L’Aube des Maudits
Le retour du bigame
Marjana
La seconde épouse
La maison en face
Tamoula
Paroles de fous
Al hogra
La Vallée des Oliviers
Un Homme Simple
Paroles Étranglées
L’Homme en Colère
Adieu Oujda, ma bien-aimée
L’Homme d’Amérique
Mon ami Tchita le juif
De la Haine en Héritage
Confidences d’un âne de l’Oriental
Haffou le fou
La Malédiction d’Allah
Le Vent de l’Est s’arrête à Figuig
Un Homme Presque Parfait
Ces hommes fous de l’Oriental
Des Mots à la place du pain
Le Fou de Sarah
Le Chemin de l’Enfer
Khalti Fatna
La Vallée Oubliée
Goût de cendre
Crépuscule des Anges
Nous n’irons pas tous au Paradis
Le cri de l’agneau
Merguez et Harissa
Grain de sable
Un dimanche à Saïdia
Le mal de l’absence

Pour se procurer un de ces livres qu’on trouve difficilement dans le commerce, contactez directement l’auteur :

Abderrahmane Zenati
B.P. 338 Poste de Saïdia Maroc
Tel : (212) 0661829262

Écrivez-lui et il vous adressera par e-mail les premiers chapitres d'un ouvrage que vous aimeriez découvrir : abderrahmanezenati@yahoo.fr

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Commentaires
KHALTI FATNA
  • Un roman émouvant ponctué d'amitiés, d'amours et de guerres... On s'imprègne du narrateur et on avance dans l'histoire avec lui, on passe du rire aux larmes, de l'espoir aux regrets, de la vie à la mort. Les décors changent tout au long du roman, on passe
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